Il en va de certaines formules, non comme
d’un arbre qui cacherait la forêt, mais comme d’une
forêt qui se ferait oiseau pour voler de ses propres ailes. Ainsi
de celles qui ouvre Le surréalisme
et la peinture : “
L’œil existe à l’état sauvage ”.
Avait-elle dans
l’esprit de Breton la valeur de manifeste que nous sommes
tentés de lui attribuer ? Ce n’est pas certain. Son
état de non-domestication ne saurait à lui seul
conférer à cet œil tous les pouvoirs. Du moins
semble-t-il plus apte qu’aucun autre à explorer en
profondeur le champs sensible que nous dérobe en partie les
grilles et les écrans d’une optique purement
rétinienne…
… Loin de
privilégier un pseudo-primitivisme, aussi contestable que le
post-modernisme auquel on voudrait l’opposer, nous pensons que le
domaine de l’art brut comme celui des arts sauvages font partie
intégrante de notre imaginaire, au même titre que les
conquêtes de l’art moderne.
En s’ouvrant largement
à ce qui s’est accompli comme à ce qui se cherche
dans ses diverses directions, l’œil
sauvage se propose de remonter, dans
toute la mesure du possible, aux sources de la vision, et d’en
être activement le miroir. ”
Extrait du texte de présentation
(en grande partie de la main
de Jean Louis Bédouin) figurant
dans le bulletin de souscription.